Un train pour Saint-Germain

Publié le 2 février 2009

Il y a plus de 2 ans, j’ai eu Laurent de Wilde au téléphone. « Bonjour c’est Diane Tell, j’ai envie de faire un album avec vous et j’ai une idée de répertoire, on peut se rencontrer pour en faire la maquette ? » Il a dit oui !

Dans le ciel de Biarritz, un double X au dessus de la gare… un signe du ciel pour annoncer la fin définitive de la tempête ou pour lancer le début d’un projet important pour moi ?…. Va savoir. Envie de croire aux signes du ciel…

Installée dans le train, je scrute toujours le ciel pour y lire d’autres messages peut-être, anxieuse comme toujours au début. Je tourne en rond dans le carré de la case départ, en attendant l’ouverture de la barrière, le coup de sifflet, le Go libérateur… Dans les landes, que nous traversons, les arbres déshonorés abattus couchés au sol n’ont d’avenir que le broyage du coeur à l’écorce de leur belle matière chaude. Seuls les pins bébés, comme de petits arbrisseaux, tiennent encore debout entre les lignes du bois resté à terre de leurs ainés.

Je ne vois plus rien. Mes yeux posés sur l’extérieur ne reçoivent plus d’images… Mes pensées tournent en boucle la bande annonce du film de ce retour à Paris. Enregistrer à Saint Germain des Prés des chansons dont les textes sont tous de Boris Vian le prince de ce quartier dans les années 50… revenir à Montparnasse, dans l’home-hôtel de Madame M. que je fréquente depuis des années… dîner au Sélect ou à la Closerie ou au Dome…. Chanter les plus belles mélodies composées par les meilleurs compositeurs du XXème siècle avec un groupe de 4 musiciens choisis… Une semaine de rêve en perspective et pourtant j’ai l’air un peu sombre. Ce n’est pas de la tristesse, de l’inquiétude… Je suis attentive. Concentrée.

Mon visage d’un coup s’étire, la peau se détache de la face, mes traits réapparaissent sur la vitre du wagon, se fondent au paysage et glissent sur les rails.  Je ne suis plus qu’une image déformée plaquée sur du verre. Le train file à pleine vitesse maintenant, jusqu’à la prochaine gare… Où sommes-nous ? Quelque part dans le vide merveilleux d’un corps qui se déplace.