Metro – le 10 juin 2010 – Interview

Publié le 10 juin 2010

Photo : Gerard Rancinan

Diane Tell: Si j’étais Boris Vian

Diane Tell interprétera les titres jazz de son dernier album dimanche soir à la Place des Arts. Pour le public montréalais, la chanteuse promet toutefois de revisiter quelques-uns de ses grands succès.

MARC-ANDRÉ LEMIEUX

MÉTRO

09 juin 2010 22:45

Sur son 12e album, Diane Tell chante des standards de jazz américains sur des textes de l’écrivain et poète français Boris Vian. C’est dans le cadre des FrancoFolies que Diane Tell se produira à Montréal cette année, mais après avoir écouté le dernier album de la chanteuse, on constate que le Festival de jazz aurait tout aussi bien pu faire l’affaire. «On m’a proposé l’un ou l’autre, mais au final, on a choisi les Francos, révèle Diane Tell, contactée à Paris. On sortira un peu du lot, c’est tout!»

Intitulé Docteur Boris & Mister Vian, le 12e album studio de l’artiste de 50 ans est composé de textes inédits de Boris Vian mis en musique sur des standards du jazz.  Sorti en France à la fin de 2009, l’opus est arrivé dans les bacs québécois mardi. Ses arrangements sont signés Laurent de Wilde. Le réputé pianiste français assure aussi la coréalisation du CD avec Diane Tell.

Un album de reprises, ce Docteur Boris & Mister Vian? Musicalement, oui. Au fil du temps, les mélodies entendues sur le disque ont été jouées par quelques-uns des instrumentistes les plus renommés de la planète, dont le saxophoniste John Coltrane. Côté paroles, par contre, on peut bel et bien parler d’originalité. Selon toute vraisemblance, le poète français aurait écrit ces textes peu de temps avant sa mort, en juin 1959. «Pour la plupart des titres, on a dû faire des demandes d’autorisation auprès des ayants droit originaux américains», note Diane Tell.

De son propre aveu, la chanteuse admet que c’est la production de l’album qui lui demandé le plus de temps et d’énergie. «Il a fallu le financer parce que personne n’en voulait! Pendant trois ans, j’ai parlé à tout le monde de ce projet. J’ai reçu quelques réponses négatives, mais souvent, on ne me donnait même pas signe de vie», raconte-t-elle.

La Québécoise, qui habite la France depuis 1983, n’a pas ménagé les efforts pour pondre un CD de qualité. En plus de confier le mixage de la galette à l’ingénieur japonais Goh Hotoda, elle tenait à ce que le mastering soit réalisé au réputé studio The Exchange à Londres. «Je voulais que l’album soit moderne et indémodable, dit-elle. On aurait pu faire des versions avec plusieurs gimmicks bien de nos jours, mais on a choisi de faire quelque chose de très classique… Comme un cachemire qu’on achète : un truc qui ne se démode pas.»

Le retour
La sortie de Docteur Boris & Mister Vian marque le retour sur disque de Diane Tell. Depuis la parution de Popeline, en 2005,  l’artiste n’a pas chômé. À l’été 2006, elle anime l’émission Les louves sur France Inter, et en 2008, elle remonte sur scène dans Je m’voyais déjà, une comédie musicale basée sur les chansons de Charles Aznavour.

Il ne s’agissait pas d’une première pour la chanteuse, puisqu’en 1990, elle faisait partie de la distribution de l’opéra-rock La légende de Jimmy, et en 1992, elle signait la musique et jouait dans Marilyn Montreuil. Diane Tell garde un bon souvenir de son bref passage dans Je m’voyais déjà. «J’aime la routine, dit-elle. J’aime aller tous les jours au théâtre. J’aime répéter et boire mon thé à la même heure. J’ai fait ça 100 fois de suite et j’ai adoré.»

Diane Tell
Au Théâtre Maisonneuve
Dimanche à 20 h