Le Nouvelliste – Interview – 26 février 2014

Publié le 5 mars 2014

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Une artiste toujours inspirée

26.02.2014, 00:01 – Loisirs et culture ctualiser
Actualisé le 25.02.14, 23:42

 

Diane Tell est en Valais pour chanter la Francophonie. La musicienne québécoise, qui apprécie ce bout de pays, revient sur son parcours et sa conception du métier.

 

Quand Diane Tell se promène dans les rues de Sion, elle n’est pas dépaysée. La chanteuse québécoise connaît la région. « J’adore les montagnes, je pourrais bien venir m’installer en Suisse. » Invitée par son amie Célina Ramsauer à venir se produire vendredi à Zinal, Diane Tell profite de cette visite pour présenter deux best-of: « Passé simple », qui propose ses tubes et quelques nouveautés, et « Une », avec ses grands succès interprétés toute seule en version guitare-voix, comme elle le fera sur scène à Zinal. « Tous les dix ans, on fait une compilation, car je pense que dix ans, c’est une étape assez longue pour qu’il y ait des nouveautés, et aussi parce qu’il y a des changements de formats: il y a dix ans, iTunes n’existait pas. »

 

A force de faire des albums, l’inspiration n’est-elle jamais en baisse?

 

On peut être en panne d’inspiration pendant des années et après être dans une phase très créative. C’est un peu ce qui s’est passé entre « Popeline », sorti en 2005, et « Rideaux ouverts » en 2012. C’est vrai que j’ai monté aussi un projet sur Boris Vian, j’ai fait la comédie musicale « Je m’voyais déjà », autour des chansons d’Aznavour, j’ai fait de la radio… J’ai été quand même très occupée mais j’ai composé moins.

 

Qu’est-ce qui vous motive?

 

Aujourd’hui, ce qui m’inspire, c’est cette idée de partager, de transmettre et de mélanger des choses. Par exemple, je fais un spectacle avec le Quatuor Hermès, formé de jeunes qui sont dans le milieu de la musique classique. J’aime mélanger la pop, le jazz, le classique, ça donne quelque chose d’extrêmement original. Ce qui m’inspire, c’est d’inventer des choses qui n’existent pas, et non de refaire la même chose.

 

« Si j’étais un homme », « La légende de Jimmy »… On vous demande de jouer vos tubes en concert. N’en avez-vous pas marre?

 

Je donne souvent cet exemple: lorsque je vais à Paris, je vais toujours dans les mêmes restaurants et je mange toujours le même plat. Et si une cantine où je vais toujours enlevait du menu le plat pour lequel j’y vais, je serais complètement déboussolée et je ne sais pas si je continuerais d’y aller. Alors je pense que pour le public, c’est la même chose. Ce qui n’empêche pas, de temps en temps, de faire des expériences, en annonçant la couleur, comme quand j’ai fait le projet Vian, on ne chantait que cet album, on ne faisait pas du tout de Diane Tell, ou juste une chanson en rappel. Mais en concert, ce serait frustrant pour le public que je ne chante pas « Si j’étais un homme ». Alors, à nous de conserver ces chansons dans un état de fraîcheur absolue.

 

Trouvez-vous que le milieu du show-business a changé depuis vos débuts?

 

Non. C’est comme si vous me disiez: « Est-ce que l’amour dans les années 70 était différent de l’amour en 2014? » Oui, d’une certaine façon, la forme change, mais quand on tombe amoureux, on tombe amoureux, basta! Je crois que l’industrie du show-biz n’a jamais été extraordinairement humaine. C’est un milieu avec des pôles « frime et superficiel », et d’autres pôles beaucoup plus proches de la poésie, de l’artistique. (…) Aujourd’hui, il n’y a plus d’argent dans ce métier, les disques ne se vendent plus… Alors l’industrie s’est transformée en une machine à lancer des chanteurs comme dans tous les « Stars Academy » de ce monde. On y rentre pour être connu… Il y a toujours du fric à faire, mais pas au même endroit. La forme change, mais le fond reste le même.

 

Vous vivez depuis des années en France. Pourquoi avoir quitté le Québec?

 

Je suis venue pour une année sabbatique en France, car j’ai eu un début de carrière fulgurant: j’ai fait quatre albums en cinq ans, 150 à 200 shows par année, on a eu beaucoup de succès sur le troisième album. Et le succès amène ses dérives, forcément. Quand on a beaucoup de succès, on se fatigue. Et j’étais très jeune, et quand on a du succès, on se la pète un peu, on devient un peu sûr de soi, cela sème aussi de la jalousie… Alors je me suis dit que j’allais partir un an, me ressourcer un peu, et, finalement, je ne suis jamais rentrée! Mais aujourd’hui je vis pratiquement six mois par année au Qué bec.

 

Par ENTRETIEN JOEL JENZER

 

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