Boris Vian, toi qui a pris mon coeur, garde-le ! (bien au chaud)

Publié le 23 juin 2009

Toi qui a pris mon coeur

Biarritz, le 23 juin 2009

Mon cher Boris,

comment vivre cette journée sans penser à toi ! Comment passer à côté des nombreux hommages consacrés au grand artiste que tu es ! Tu veux que j’te dise ? Impossible au commun des mortels que nous sommes de ne pas célébrer aujourd’hui ton passage ici bien bas. Et c’est tant mieux. A moins de vivre complètement reclus dans une pièce déconnectée du monde depuis des semaines ! On ne peut pas te louper ma belle âme ! Tu es absolument sur tous les écrans, sur toutes les ondes et toutes les lèvres, dans tous les journaux et magazines, et of course sur le net ! Ah le net ! Ca t’aurait plu comme bidule ! C’est extraordinaire ce que tu peux être vivant ! A Saint-Germain, une exposition est entièrement consacrée à ton époque, tes amis, on peut y voir des manuscrits, des choses qui t’ont appartenu ! J’y ai rencontré ta Michelle ! D’une éternelle beauté ! Ouf ! Ca m’a secouée !

Tu te souviens de « My one and only love » ? Cette si jolie chanson de Robert Mellin et Guy Wood ? La première fois que j’ai écoutée ce morceau, c’était dans une version de John Coltrane avec Johnny Hartman. Un chef d’oeuvre ! Je l’ai apprise en anglais et l’ai même chantée à la télévision en 1991 ou 1992, je ne sais plus. Je me souviens de la belle robe longue bleue nuit que je portais ce jour-là. Une création pour l’occasion de Mine Verges… C’est à cette époque que j’ai rencontré ton frère Alain ! Je cherchais un orgue de Barbarie pour le spectacle Marilyn Montreuil. Il m’a recommandé d’en faire fabriquer un tout neuf par monsieur Oudin. Je l’ai fait. J’ai suivi son conseil mais je n’ai pas eu le plaisir de le revoir pour parler de toi. Il disait avoir tout un tas de textes dans ses malles… Quelle idiote de ne pas avoir pris le temps de repasser à sa boutique. Je m’en veux encore… Et puis un jour, par hasard, j’ai trouvé dans un bouquin une adaptation de cette chanson en français : Toi qui a pris mon coeur… Des nues, je suis tombée sous terre ! Depuis, je la chante à chacun de mes concerts.

Il y a environ 3 ans, j’ai pris la décision d’enregistrer un album « jazz ». En français of course ! Mon premier réflexe fut de chercher dans ton oeuvre d’autres merveilleuses adaptations de standards de jazz et sans faute, j’en ai trouvé tout un lot ! Une quarantaine peut-être. Venant de toi, je ne fus pas surprise. Tu aimais tellement cette musique. Que tu te sois penché sur elle, ta plume à la main, ne me surprend pas. Ce qui m’étonne encore aujourd’hui c’est qu’il existe très peu d’enregistrements de ces chansons. Quel beau travail Mister Boris. Une des plus belle matière qu’il m’ait été donné de chanter cher Docteur Vian ! J’en ai choisi 16 et j’ai contacté le musicien, compositeur, arrageur et auteur le plus brillant que je connaisse. L’homme de la situation. Celui qui allait créer l’ambiance musicale du projet la plus parfaite. Un son qui devait te plaire. Ce monsieur est Laurent de Wilde. Par chance, il a accepté d’enregistrer avec moi des maquettes piano voix et de là, nous avons construit étape par étape ce qui va devenir un des très rares albums de chansons françaises de jazz réalisés depuis les années 60.

Nous avions prévu de sortir l’album avant cet anniversaire mais rien n’est simple. Jamais. On dit que tu aurais écrit près de 400 textes de chansons en 4 ou 5 ans dans les années 50 … Il fallait s’attendre à ce que quelques unes des adaptations restent à ce jour inconnues des auteurs originaux… Et… Tu sais comment ça fonctionne ! Tu connais la musique ! Il faut une autorisation pour adapter une chanson. Plus exactement pour enregistrer et publier une adaptation d’une chanson. Pour 4 des titres que nous avons enregistré, je fais tout ce que je peux pour obtenir celles-ci au plus tôt. Figure-toi, qu’aujourd’hui même, jour de cet anniversaire si célébré, le tien, j’ai reçu de l’éditeur de « My one and only love » l’autorisation de publier l’enregistrement que nous venons tout juste de terminer ! Drôle de coïncidence non ? Puisque je reçois aujourd’hui cette permission-cadeau, je te pris d’accepter ma toute simple et toute sincère version de ta chanson « Toi qui a pris mon coeur »…

Je t’embrasse et te porterai aussi longtemps que je le peux dans mon coeur amoureux,

Diane