Acadie Nouvelle – Juillet 2012 Interview et Critique (Bathurst-N.B.)

Publié le 27 juillet 2012

Diane Tell continue de répandre sa musique à la grandeur de la planète. – Gracieuseté: P. Davisseau

ENTREVUE

Samedi 21 juillet 2012

Martin Roy

Diane Tell demeure humble après 35 ans de métier

Diane Tell est sereine. Après 35 ans de métier, elle continue de déposer ses mots et sa musique dans un univers aujourd’hui parsemé de défis: elle tourne moins à la radio et, comme tous ses autres collègues, elle fait face à la chute des ventes de disques.

Elle en est consciente, mais elle ne s’en fait pas, confie-t-elle en entrevue téléphonique, car le feu de la création l’anime toujours et elle réussit, malgré tout, à épancher sa soif de se dire à travers ses chansons et à glaner de nouveaux publics qui retrouvent une Diane Tell à la page tant dans sa création que dans les moyens de la diffuser.

Diane Tell a connu un succès monstre à la fin des années 1970 et dans les années 1980 et 1990 avec des titres comme Gilberto, Si j’étais un homme ou La légende de Jimmy. À travers les années, son public a changé, tout comme elle. Certains fans du début l’ont quittée pour embrasser de nouvelles idoles, certains autres lui réclament toujours ses tubes qui ont fait la pluie et le beau temps sur les palmarès.

Mais Diane Tell affirme avec aplomb ne garder aucune nostalgie de ces années où elle vivait une carrière rugissante en Amérique du Nord et en Europe. Pas plus qu’elle ne se lasse de refaire Si j’étais un homme ou La légende de Jimmy en spectacle. Au contraire, elle refuse de lutter contre le phénomène. Néanmoins, elle revendique encore sa place dans la stratosphère artistique des créateurs actuels en proposant des textes toujours empreints d’amour, de romantisme et de sensualité auxquels elle donne vie avec sa magnifique voix mi-velours, mi-cristal qui ne se déforme pas. Elle fait trotter ses chansons sur des notes pop-rock auxquelles se mêlent quelques riffs de folk et même de country, comme son plus récent album, Rideaux ouverts, son 14e titre en carrière, sorti en novembre 2011.

«Il y a deux façons de durer dans mon métier. La première, c’est de remixer (rechanter toujours) les mêmes chansons avec lesquelles on a connu un grand succès. Moi j’ai choisi l’autre façon, la plus difficile, celle de continuer d’écrire, de créer. Je dirais que j’ai plutôt une forme d’allergie à recycler les choses. Et quand créer répond à un besoin vital, il ne faut pas s’en priver», exprime Diane Tell avec une voix doucereuse.

L’auteure-compositriceinterprète québécoise, qui demeure depuis de nombreuses années en France, est en tournée en solo ces jours-ci avec le Réseau des organisateurs de spectacles de l’Est du Québec (ROSEQ). Elle s’arrêtera d’ailleurs mercredi, à 20 h, à l’Espace culturel La Bibitte de Bathurst, pour un spectacle dans lequel elle offre un florilège de ses classiques mêlés à ses plus récentes chansons.

«J’avais fait une tournée en 2005 (dans la foulée de la sortie de son disque Popeline), mais je n’allais pas dans les régions lointaines. Présentement, je fais de très belles petites salles qui me permettent de rencontrer un nouveau public. Les gens viennent et découvrent tout mon répertoire, version guitare-voix. Une fois qu’ils ont entendu les titres les plus connus, les gens découvrent mon nouveau travail. C’est très bien comme ça», affirme Diane Tell en toute simplicité.

En plus de persister dans la création, Diane Tell prend de plus en plus plaisir à manipuler la technologie. Elle nourrit de manière assidue son site Internet (dianetell.com) et se passionne pour la photographie depuis plusieurs années. Elle commence également à manipuler la vidéo afin de mettre ses chansons en images. Elle possède d’ailleurs son propre canal sur YouTube.

«Aujourd’hui, les gens n’écoutent plus la musique; ils la regardent. D’ici la fin de l’année, tout mon album Rideaux ouverts devrait être mis en images. J’espère qu’au moins une ou deux chansons vont passer à l’as grâce à ça. Bien sûr, on ne peut pas forcer le monde à s’intéresser à ce que l’on fait, mais je sens quand même un intérêt depuis que j’utilise la technologie. La communication par le biais d’Internet permet d’être accessible à un plus grand nombre et c’est très pratique à cet égard», souligne Diane Tell.

Du reste, Diane Tell s’occupe de sa boîte de production et globetrotte, comme elle a l’habitude de faire depuis longtemps. Elle fait régulièrement des sauts de Biarritz, où elle a élu domicile, à Montréal et se permet au moins un grand voyage par année. Elle a entre autres visité la Birmanie, le Chili, l’Argentine, l’Île de Pâques et l’Inde et participé à quelques missions humanitaires en Afrique au cours des dernières années. Elle est également une pilote d’avion monomoteur aguerrie.

«Les voyages m’ont beaucoup inspirée pour la photo. Par contre, mes chansons ne sont pas tellement “cartes postales“; elles sont plus introspectives. L’écriture pour moi, ça se passe vraiment à la maison, quand il pleut ou quand je m’ennuie», relate Diane Tell, qui mijote actuellement un album guitare-voix qu’elle devrait sortir au cours de l’année 2013.

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Acadienouvelle

jeudi 26 juillet 2012 / Martin Roy

Douce Diane

BATHURST – L’auteure-compositrice-interprète québécoise Diane Tell était en spectacle mercredi soir, à l’Espace culturel La Bibitte de Bathurst. Elle pousse la chansonnette en toute candeur, se racontant sans pudeur entre les chansons, blaguant avec certains spectateurs – intimité de la salle oblige, probablement. Elle est douce, Diane Tell. Douce comme de la soie que l’on porte rarement sur soi, de grand prix et pourtant vibrant de chaleur. Ses plus grands hits, on les connaît à peu près tous: Giberto, Souvent, longtemps, énormément, Si j’étais un homme, La légende de Jimmy. Elle ne cherche pas à les garder pour la fin, comme pour nous obliger à entendre ses nouvelles chansons moins connues, mais tout aussi savoureuses. Elle les assume au même pied d’égalité que toutes les autres, les revisitant en une rythmique plus jazzée, s’accompagnant à la guitare, souriant, s’intériorisant et sollicitant notre regard pour que l’on goûte à la même extase qu’elle. Ça hoche de la tête dans le public; Si j’étais un homme touche au coeur autant que L’astre qui me veille, ou Qui, qu’elle reprend magnifiquement d’Aznavour. De petites bouchées tendres pleines d’essence. De quoi être conquis et repartir avec en tête la chansonnette d’un heureux été. – MR – Acadie Nouvelle: Martin Roy