Diane Tell – Docteur Boris & Mister Vian – Album Jazz avec Laurent de Wilde

Publié le 12 janvier 2017

L’histoire de la Québécoise Diane Tell commence par trois décennies de carrière, un tube (“Si j’étais un homme”), une quinzaine de CD, les émissions de variété, le cinéma, les rubriques “people” et des posters dans les chambres des filles. Pas de quoi convertir un mélomane.

Relevons une présence décoiffante dans la comédie musicale “Marylin Montreuil”. Un météore a explosé la surface tranquille de la lune: son dernier disque “Docteur Boris et Mister Vian”. Le travail enduit de baume les oreilles, puis le reste de la carcasse. C’est tout simplement extra. Quand j’ai lu le nom de Vian sur la pochette, les sonnettes ne m’ont pas immédiatement arraché à la rêverie. C’est le cinquantième anniversaire de la mort du mec génial: les habitués ont sauté sur l’occasion. Assez comme ça.

Puis, au dos, une distribution inaccoutumée sous le nom de la chanteuse: Laurent de Wilde, un pianiste qui ne se contente pas de chercher; Laurent Robin, un batteur que j’ai vu enflammer des concerts de Michel Portal. Enfin Darryl Hall, contrebassiste au jeu soyeux. Là, le front se mobilise; attention sérieux. On ne rigole plus. A l’écoute; une réussite. Laurent a assuré la direction musicale. Impeccable.

Diane, pulpeuse Canadienne aux yeux vert olive, assise sur le canapé du studio de Laurent, reprend la chronologie: “Je l’ai appelé fin 2006. En janvier 2007, je réservais une chambre au Royal Gambetta, à côté de chez lui. Je connaissais la réputation du personnage, la qualité de ses trouvailles. Cependant, je m’intéressais en priorité à son sens de la tradition. Je voulais enregistrer les traductions de textes des standards de jazz que Boris Vian avait réalisées, sans que ceux-ci aient été enregistrées. L’éditeur Christian Bourgois les avait reéditées. Les versions anglaises, comme “My One and Only Love”de Johnny Hartmann m’éblouissaient. Je la chantais en anglais dans “Marylin Montreuil”. La lecture de sa traduction (“Toi tu as pris mon coeur”) m’a plongé dans le ravissement ”.

Le travail a pu commencer. Laurent enchaîne: “Nous avons enregistré 20 morceaux. La plupart, des versions en piano solo. Nous avons défini la tonalité et le format. Diane a répété, puis enregistré dessus. Sony, sa maison de disques, n’a pas bronché. La chanteuse s’est obstinée. Fin 2008, elle est revenue ici. Elle a joué les chansons à la guitare. Je suis resté sur le flanc. Le disque venait de s’incarner devant moi. Nous sommes rentrés en studio en février. Je me suis inspiré des arrangements d’un disque de standards de Sarah Vaughn. Diane est une professionnelle d’exception. On a quasiment tout joué en direct, d’où le son mordant.” Le résultat? Un régal. Vian n’aurait sans doute pas hésité à applaudir “Rue de la flemme”. Quel concentré de swing relâché! Quel modèle de grande chanson (tour de force de la traduction)! Pourquoi  citer seulement  le savoureux “Voyage au Paradis”.

Les onze valent le coup.  Le disque passe comme un remède à l’imbécillité de la période actuelle. Editée finalement sur le label Celluloïd, chez  la start-up parisienne Believe, la profondeur légère de l’interprétation s’offre comme un cadeau. Les chorus de Laurent, huit ou seize mesures maxi, ne goinfrent pas la mise en place. La complicité de l’ensemble se ressent du respect flagrant que se portent les artistes. Le prochain qui me classe Diane Tell dans la variété, je l’enjoins: jazzons les idées préconçues.

Par Bruno Pfeiffer de Liberation

Rue d’la flemme – Vidéo de Bastien Cheval

Les Paroles sont ici

1 J’voudrais encore être amoureuse

2 Rue d’la flemme

3 Voyage au paradis

4 J’en ai marre de l’amour

5 Ma chansonnette

6 Vous auriez bien pu

7 Moi sans toi

8 Nanna’s lied

9 Lui toi et moi

10 Toi qui a pris mon cœur

11 Celui qui tient le monde dans ses mains

Crédits

Auteurs, compositeurs et leurs éditeurs

Tous les textes sont de Boris Vian

J’voudrais encore être amoureuse – Titre original : I wish I were in love again (Richard Rogers/Lorenz Hart) © Warner Chappell Music France

Rue d’la flemme – Titre original : Easy Street (Alan Jones Rankon) © Mellin Robert Music Publ. Corp C/O EMI Music Publishing France/Caravelle Editions Musicales Sa C/O Universal Mca Music Publishing France

Voyage au paradis – Titre original : Get Happy (Harold/Ted Koehler) © Societe P.E.C.F C/O Warner Chappell Music France

J’en ai marre de l’amour – Titre original : I’m through with love (Joseph Livingston/Matt Malneck/Gus Kahn – adaptateurs : Boris Vian/Paul Pique) © Publications Francis Day C/O EMI Music Publishing France

Ma chansonnette – Titre original : Sam’s song (John M Elliott/Lew Quadling) © Warner Chappell Music France/Semi Societe

Vous auriez bien pu – Titre original : Bewitched Bothered and Bewildered (Richard Rogers/Lorenz Hart) © Warner Chappell Music France

Moi sans toi – Titre original : ‘Deed I do (Walter Hirsch/Fred Rose) © Publications Francis Day C/O EMI Music Publishing France

Nanna’s lied – Titre original : Nanna’s lied (Kurt Weill/Berthold Brecht) © Droits réservés

Lui toi et moi – Titre original : This song is you  (Jerome Kern/Oscar II Hammerstein) © Universal Music Publishing/Warner Chappell Music France

Toi qui a pris mon cœur – Titre original : My one and only love (Robert Mellin/Guy Wood) © Colgems-EMI Music Inc /Avec l’aimable autorisation d’EMI Music Publishing France

Celui qui tient le monde dans ses mains – Titre original : He’s got the whole world in his hand (« traditional » adapté par Geoff Love) © Warner Chappell Music France

Textes reproduits, adaptations interprétées avec l’aimable autorisation de la Coherie Boris Vian, Warner Chappell, EMI et Universal UK.

Musiciens

Laurent de Wilde : piano
Christian Brun : guitare
Darryl Hall : contre basse
Laurent Robin : batterie

Studios & ingénieurs

Prise de son : Alain Cluzeau aux studios Acousti Paris France.
Ingénieur Pro-tools : Ludovic Palabaud.
Assistants : Jérémi Derruppe et Charlie Sénécaut.
Mixage : Goh Hotoda à Atami City Japan
Mastering : Simon Davey au studio The Exchange London UK
Artwork & photographie
Photographie : Gérard Rancinan assisté de Vincent Tavernier et Aurélia Thevenin
Artwork : Vu Intégral
Stylisme : Ricardo Martinez Paz
Costumes : Victor Férès
Coiffure : Alain Luzy
Maquillage : Aline Chassé

En couverture de l’Artwork, la photographie Specimen # est extraite de l’œuvre de Gérard Rancinan : Metamorphose exposée au Palais de Tokyo à Paris en novembre 2009.

Réalisation & Production
Réalisation : Diane Tell et Laurent de Wilde
Arrangements et direction musicale : Laurent de Wilde
Production exécutive : Diane Tell
Production : Tuta Music Inc.