Colorblind-Expo Photo Diane Tell-(Miles Davis)

Publié le 12 juillet 2009

Diaporama de l’Exposition Colorblind cliquez ici : colorblind_gd

COLORBLIND

Deux inséparables compagnons sont de tous mes voyages. Une guitare et un appareil photo. J’ai chanté partout où mon regard s’est posé, pris des photos dans tous les lieux où ma voix m’a portée. En Inde, dans le Kerala, au lever du jour, glissant au ralenti jusqu’au cœur du labyrinthe des Backwaters. En Afrique, sous des millions d’étoiles entourée de musiciens improvisant sur les musiques de la femme blanche. Sur les hauts plateaux de Bolivie essoufflée manquant d’oxygène éblouie par l’éclat de la lumière. D’autres mondes  à peine effleurés et qui nous pénètrent à vie. Mes photos deviennent les îlots d’une mémoire où je peux toujours revenir, me souvenir, me réjouir. J’offre mes airs contre quelques clichés. Ces prises, je les archive, les expose, les transforme ou non. Parfois beaucoup plus tard je reprend la pose. La photo de Miles Davis par exemple. Prise dans les années 70 à Montréal, j’ai réalisé son « pixou » 25 ans plus tard.

La réalité propose, le regard dispose. L’instrument de photographie capture une image, la technique la transforme. Ainsi va la création de chacune de mes images. Pas de démarche personnelle particulière, le désir me prend et me guide dans une aventure photographique qui dure depuis l’adolescence. C’est tout simple et assez fort. J’aime les nouvelles technologies mais n’ai jamais abandonné l’argentique. Dans les années 90, le travail du photographe Peter Beard en Afrique m’a beaucoup inspirée. Ses photographies de rhinocéros, de lions, d’éléphants et autres scènes de la savane en noir & blanc sur lesquelles il dessine, colle, superpose, re-cadre, colore à l’infini,  je suis sous le charme du photographe, de son histoire et de son travail. En 1996 mon premier grand voyage africain en petit avion me permit de renouer passionnément avec la photographie. J’ai réalisé beaucoup de photos avec un Leica mais notre avion fut cambriolé quelques jours avant notre retour en France et tous les films exposés ou non ont disparus. J’avais également emporté un des tous premiers appareils numériques Fuji. De ce merveilleux voyage, m’est resté le contenu de quelques cartes mémoires et un film. De ces images, j’ai réalisé mes premiers pixous (images retravaillées à la palette graphique…). Pour combler le manque de matière. La qualité des fichiers numériques réalisés avec ces petits appareils n’était pas très bonne en 96, les redessiner en haute définition à la manière de P. Beard allait peut-être produire quelque chose d’intéressant. Voilà comment et pourquoi sont nés mes premiers « pixous ».

Je n’ai pas de plan ou d’idée préconçue de la photo que je veux faire. Au moment de la prise, j’attache beaucoup d’importance à la lumière et au cadre. Pour le reste, c’est à dire le sujet, je me laisse séduire par ce qui m’entoure. D’une image en noir et blanc je fabrique une autre image en couleur tout aussi imparfaite ou irréelle que l’originale. A la recherche de l’imperfection je trouve mon idéal : équilibre ou déséquilibre entre réalité regard et technique.

La photographie en noir et blanc est par nature colorblind (daltonienne), elle ne permet pas de distinguer les couleurs. Sur ces images, la couleur aveugle (to blind), artificielle éclatante, elle éblouit.

photos : Diane Tell / photorama : Jérôme Deluze

Exposition Colorblind à La Tuilerie du Bazalac | Chambres d’hôtes B&B | 7 bis route des Corbières | 11800 Trèbes | http://www.latuileriedubazalac.com – Jusqu’en septembre.